Bienvenue à Bordeaux, où la musique électronique trouve peu à peu sa place dans l’espace public. Entre tradition et modernité, la ville se transforme au rythme des beats électroniques. Plongeons ensemble dans cette effervescence musicale et explorons son influence grandissante sur le paysage urbain de Bordeaux.
Le Métamorphose du Parc aux Angéliques

Il est 17 heures. Le soleil brille sur le bitume et les basses envahissent le quartier. Portées par le vent, elles traversent parfois la Garonne. Le parc aux Angéliques sur la rive droite de Bordeaux se transforme en un véritable sanctuaire de musique électronique. Les enceintes déversent une techno répétitive, attirant des milliers de fêtards. Les plus jeunes se pressent devant la scène tandis que d’autres profitent de l’espace vert plus en retrait. La buvette ne désemplit pas. Un après-midi ordinaire devient un mini-festival électronique au cœur de la ville, abolissant la routine des citadins.
Une Identité Estivale
À Bordeaux, cet engouement pour les événements électroniques en plein air n’est pas isolé. Que ce soit au parc aux Angéliques, au parc Bordelais, au square Dom-Bedos ou sur le quai des Sports, cette scène se répète tous les étés grâce à divers collectifs comme Bordeaux Open Air, L’Orangeade, et le Bordeaux Electronic Week-end. En mai dernier, ce dernier a même organisé une table ronde à l’I.Boat sur la place de la musique électronique dans l’espace public.
Le Défi des Nuisances Sonores
La réintroduction des musiques électroniques dans l’espace public pose des défis. « Les musiques électroniques ont fait leur apparition dans les espaces publics à la fin des années 1980, avec le mouvement des free parties, initialement perçues comme contre-culturelles et rapidement réprimées », explique Fanny Broyelle, sociologue et directrice de projets artistiques et culturels.
Un Contexte Évolutif
Cette renaissance intervient dans un contexte où « notre rapport à l’espace public a évolué. Il est plus sécurisé, privatisé et normalisé, surtout depuis la pandémie de Covid-19 », ajoute-t-elle. Les musiques électroniques étaient autrefois considérées comme une source de nuisances, mais elles commencent à devenir des moments festifs. La question demeure : comment cohabiter avec cette nouvelle dynamique tout en respectant l’ordre public ?
Conflits et Cohabitation
Il peut y avoir des conflits d’usage de l’espace public. Toutefois, comme le souligne Marjorie Barré, DJ et productrice, « cela dépend du type d’événement. Un événement institutionnalisé est souvent mieux toléré que des manifestations plus militantes ». Lisa More, DJ et programmatrice, renchérit : « On ressent que ce mouvement est aujourd’hui plus commercialisé et contrôlé, perdant ainsi son aspect marginal et révolté ».
Les Règles pour une Harmonie
Pour équilibrer les différents usages de l’espace public, des mesures ont été instaurées par les autorités locales. Léa André, conseillère municipale déléguée pour les événements et les festivités à Bordeaux, précise : « Nous avons fixé des règles comme un temps de diffusion sonore maximum de six heures, et des horaires différents pour l’été et l’hiver ». Ces règles visent à minimiser les plaintes des riverains tout en permettant aux événements de se dérouler sans accroc.
Des Événements Inclusifs
La diversité et la gratuité des événements jouent un rôle crucial dans leur acceptation. Bordeaux Open Air, par exemple, offre des activités pour les familles, permettant ainsi à différents publics de se rencontrer. « Quand on occupe un parc, il faut trouver un équilibre pour satisfaire à la fois ceux qui viennent faire la fête et ceux qui cherchent à se détendre », souligne Marjorie Barré.
Un Futur Électronique
Alors, la musique électronique va-t-elle conquérir l’espace public à Bordeaux ? Il semble que cette révolution soit déjà en marche, transformant le paysage urbain en un espace vibratoire diversifié et connecté. Chaque événement est une étape vers une meilleure cohabitation, promouvant la tolérance et l’ouverture culturelle. Une chose est sûre : la musique électronique a trouvé sa place dans le cœur des Bordelais.